Kenza BERRADA
Metteuse en scène

Kenza a reçu une aide à la création pour son spectacle Paradis plage (la vie comme dans du miel) 

Quel est votre parcours artistique ?
Enfant, je me suis très tôt retrouvée sur les planches du théâtre national de Rabat soit à danser des ballets classiques soit à jouer du piano. Puis le théâtre est arrivé dans ma vie en 6ème où j’interprétais un rhinocéros dans la pièce de Ionesco. Arrivée à Paris du Maroc à 17 ans, j’ai fait de longues études de lettres et j’ai mis de côté toute aspiration artistique jusqu’à ce que cela me rattrape. La métamorphose du réel est ce qui me guide. Boujloud (‘lhomme aux peaux) est le seul en scène avec lequel je continue de tourner et je crée en septembre 2026 Paradis plage (une vie comme dans du miel) au théâtre national de Strasbourg. Toute au long de l’année, je vais accompagner des jeunes pour les mettre en scène dans Adolescence et territoire au théâtre de l’Odéon, au T2G et à l’espace 1789.

 Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Nous nous retrouvons entre metteur.e.s en scène, comédie.n.n.e.s pour échanger sur notre métier et nous avons toutes et tous peur de ce qui est en train de se passer en France. La difficulté avec laquelle nous essayons de mener nos projets peut parfois donner envie d’arrêter mais être ensemble donne de la force. Regarder le travail des autres remplit de désir. Je vis entre la France et le Maroc et cela me permet d’avoir du recul. Les artistes au Maroc se sont toujours battus pour montrer leur travail et cette détermination m’inspire et permet d’imaginer des moyens de continuer à comprendre l’humain.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Ma fille de 4 ans fait des spectacles dans mon salon tous les soirs en silence. Une succession de mouvements. Je la regarde et je me dis « voilà ce que je veux réussir à faire ». Retrouver la simplicité des gestes et des mots pour toucher. Je veux travailler avec des artistes qui n’ont pas la même langue que moi ni le même langage artistique pour continuer à être en mouvement. 

Interview réalisée en 2025
Photographies réalisées en 2025 par Isabelle Chapuis