Jorge Emilio GONZALEZ BUAJASAN
Pianiste

Jorge a reçu une bourse pour acheter son piano.

Quel est votre parcours  artistique ?
J’ai commencé le piano à l’âge de 8 ans au conservatoire Alejandro García Caturla à la Havane. J’ai bénéficié d’un enseignement de grande qualité et j’ai été poussé à faire mes premiers pas sur la scène pianistique a l’âge de 10 ans après avoir été lauréat de concours internationaux. A 15 ans j’ai reçu le soutien du Ministère de Culture Cubain afin de poursuivre mes études à Paris. J’ai été d’abord élève au CRR de Paris avant d’intégrer le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) où j’ai obtenu un Master de Piano ainsi qu’un autre de Musique de Chambre. Pendant mes années au CNSMDP j’ai été élève de la classe d'Hortense Cartier-Bresson  et j’ai reçu les conseils de Claire Désert, Elisabeth Leonskaja, Jean-Frédéric Neuburger, Menahem Pressler et Radu Lupu.
Au cours de ces années, j’ai été lauréat du Concours KlavierOlymp de Bad Kissingen (1er Prix et Prix du Public), du Concours Clara Haskil (Prix Coup de Cœur de la Critique) et, plus récemment, du Concours International de Musique de Chambre de Lyon aux côtés de Manon Galy (1er Prix et tous les Prix Spéciaux).
A la suite de ces différents prix je suis invité à jouer en soliste avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille sous la direction de Lawrence Foster dans le cadre du Kissinger Sommer Festival en Juillet 2016. S’ensuivent plusieurs récitals au Beethovenfest à Bonn, à la Herkulessaal de Munich (retransmis par la Bayerische Rundfunk) et, toujours à Munich, un récital aux côtés de Elisabeth Leonskaja pour le Festival « Stars and Rising Stars ». Depuis, j’ai eu la chance d’être invité à jouer, entre autres, au concert de clôture du Festival de La Roque d’Anthéron aux côtés de Renaud Capuçon et de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, au Festival Piano Jacobins, à Riga avec l’Orchestre National de Lettonie sous la direction de Vassily Sinaïski et avec l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo sous la direction de Stanislav Kochanovsky.
J’ai également eu l’occasion de faire de la musique de chambre avec les solistes de l’Orchestre National de France et d’interpréter le 3ème Concerto de Beethoven sous la direction de Felix Mildenberger à l’Auditorium de Radio France et j'ai été également invité à y rejouer en première partie d’un concert de musique de chambre de Christian Zacharias.
La Musique de Chambre a une grande importance dans ma vie, c’est pourquoi j’ai fondé le Trio Zeliha en 2018 aux côtés de Manon Galy (violon) et Maxime Quennesson (violoncelle). Nous avons enregistré notre premier CD avec le label Mirare, qui est paru en novembre 2020. Celui-ci a reçu les éloges d’Alfred Brendel, Menahem Pressler ainsi que 5 Diapasons, 5 Etoiles de Classica et de belles critiques dans les magazines musicaux The Strad et Gamophone (élu Gramophone’s January Editors choice). Nous avons été invités à jouer dans la Saison de l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo, à la salle de la Grange au Lac au Festival d’Evian, en récital à la Roque d'Antheron et plus récemment, au Festival de Pâques avec l’Orchestre National des Pays de la Loire sous la direction de Gabor Tacácz au Grand Théâtre de Provence.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Un compositeur a imaginé des couleurs qu’il a dû simplifier par des symboles en noir et blanc sur un papier à musique. Afin de se rapprocher de cet idéal, le musicien d’aujourd’hui doit comprendre le contexte historique, social et politique, les usages de l’époque, l’organologie et les capacités qu’avaient les instrument mais également les subtilités que chaque langue ajoute à la prosodie musicale. A toute cette recherche s’ajoute une sensibilité individuelle qui teint toute interprétation et qui la rend unique et un travail presque religieux de perfectionnement et de recherche. Par ailleurs, contrairement à un ingénieur ou un médecin qui pourrait théoriquement apprendre son métier et parfaire ses connaissances s'aidant uniquement d'un manuel ou de l’ensemble des connaissances écrites, le métier de musicien nécessite une transmission directe et s’appuie sur une tradition ininterrompue depuis des siècles.  En cela, le musicien moderne est un pont entre l’être humain d’hier et d'aujourd’hui, le fruit éphémère de son travail est un témoignage universel et intemporel des époques et de la culture humaine.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’aimerais continuer et développer mon activité de soliste et de chambriste et créer des évènements musicaux à Cuba afin de multiplier les échanges entre nos deux pays et donner la même chance que j’ai eu à des jeunes talentueux.

 

Interview réalisée en 2022
Photographie : Julie Glassberg