Amine ADJINA et Emilie PREVOSTEAU
Metteurs en scène

Amine et Emilie ont reçu une aide à la production pour leur spectacle Projet Newman.

Quel est votre parcours artistique ?
Après s’être rencontrés à l’ERAC, et avoir mené des travaux de mise en scène et de laboratoire d’acteurs durant les trois années de formation, nous avons créé ensemble la Compagnie du Double, en 2012, pour nous permettre de maintenir un espace de création, de recherche commune. Continuant à explorer l’écriture dramatique d’Amine, la question des formes et de l’art de l’acteur, nous avons créé 4 spectacles ensemble. Parallèlement, Amine travaille en tant que comédien, auteur, et metteur en scène avec d’autres : Jacques Allaire, Alexandra Badea, Jean-Pierre Baro, Azyadé Bascunana, Robert Cantarella, Matthieu Roy, Vincent Franchi, Bernard Sobel, etc. et Emilie en tant que comédienne et metteuse en scène avec Eric Ruf, Hubert Colas, Michael Marmarinos, Philippe Lanton, Cécile Morelle, Coraline Cauchi, Suzanne Aubert, Marjolaine Baronie, etc.
Projet Newman est la prochaine mise en scène que nous signerons ensemble.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Pris dans son ensemble et par le prisme d’un regard englobant, il peut nous apparaître qu’il y règne trop souvent les opinions, les experts, le spectaculaire et une forme de normativité. À y regarder de plus près, nous apparaissent des lignes plus singulières, des tentatives de penser son art et le monde, d’inventions conceptuelles (pas dans un sens publicitaire). Dans ce vaste paysage théâtral, nous tentons de tracer un chemin qui soit le nôtre. Une recherche qui tente de ne pas céder aux modes et aux injonctions. Qui invente la forme de l’objet et les moyens pour y parvenir. Qui tente de tisser des rapports de camaraderie, des affinités sensibles, politiques ou poétiques. En somme, nous tentons de construire un foyer où la chaleur de la pensée et de la nomination de notre travail reste vive, où nous pouvons inviter et découvrir l’autre toujours et mieux, et où le temps et les différentes météos ne sont pas des ennemis.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
On ne peut se poser la question du regard sans la question du lieu. Le lieu, l’espace détermine tellement ce que nous sommes, serons. Et ne pas poser cette question du lieu peut nous amener à nous retrouver dilués dans des flux. Où serons-nous dans 5 ou 10 ans ? Là où il sera encore possible d’inventer quelque chose pour nous-même et avec ceux avec qui nous serons.

 

Interview réalisée en 2019
Photographie : Amandine Besacier